Des coopératives qui réinventent la transition énergétique

L’énergie citoyenne s’étend en Suisse romande avec la création de deux nouvelles coopératives qui affichent une façon un peu différente de développer des projets d’énergies renouvelables. Les sociétés coopératives Enessert et Luciole lient la production d’énergie à une réflexion en amont sur les usages et les modes de consommation de l’énergie, et, dans leurs statuts, mettent l’ac cent sur la sobriété, l’économie de ressources ou l’autoconstruction.

EnEssert : pionnière du modèle de communauté électrique locale

À Essertines-sur-Rolle, la coopérative EnEssert s’est fondée sur un réseau citoyen très actif sur les questions de biodiversité et d’énergie. Un de ses objectifs principaux a été de pouvoir proposer aux particuliers propriétaires de petites installations un modèle leur permettant de produire et de partager l’électricité entre eux et avec d’autres usagers. EnEssert est ainsi devenu un acteur clé du projet interreg CEVALER conduit par la HES-SO Valais dont la finalité est le large déploiement de l’autoconsommation collective. Le modèle des communautés électriques locales n’étant pas encore juridiquement mûr, elle a également exploré avec le gestionnaire de réseau Romande Energie les possibilités de communautés électriques, dans ce cadre juridique encore en évolution. EnEssert a aussi très vite franchi le cap de la professionnalisation avec le projet d’engager un, voire deux salariés qui se dédieront au montage technique, financier, juridique ainsi qu’à l’animation de la future communauté énergétique.

Luciole et l’énergie citoyenne

À Morges, Luciole est la première coopérative qui affiche fièrement sa volonté de coller au plus près des valeurs de l’énergie citoyenne dans sa dénomination au registre du commerce déjà, et dans ses statuts ensuite. Dès le départ la coopérative a choisi de fixer un montant de la part sociale à 100 chf pour permettre la participation la plus démocratique possible et encourager toutes les contributions, même d’ordre symbolique. 

SCOOP Luciole est née de l’agrégation de plusieurs acteurs, qui se sont regroupés au fil du temps autour d’un projet audacieux et atypique porté par un habitant : installer une microcentrale hydraulique sur la chute d’eau de la Morges. Au fil des mois, le groupe initial s’est agrandi, notamment grâce à la participation d’étudiant·e·s de l’association Ingénieurs engagés, désireux d’intégrer un projet citoyen à leur parcours académique. L’initiative a également trouvé un appui local en rejoignant le réseau Morges et Région en Transition, qui a contribué par son expertise en gouvernance participative. Autour de l’initiateur du projet, une dynamique collective s’est installée, aboutissant à la constitution officielle de la coopérative au printemps 2024.

En conclusion, ces deux nouvelles coopératives incarnent chacune à leur façon une vision holistique de la transition énergétique, en cohérence avec une définition forte de la durabilité. Elles dépassent les modèles traditionnels souvent orienté vers l’accroissement d’autonomies individuelles sans prise en compte de la finalité de l’usage de l’énergie. En réintégrant la production et la consommation d’énergie dans une dynamique collective, leur but est de construire des communautés locales plus résilientes, solidaires et engagées dans une transition en phase avec les besoins réels et des valeurs partagées.